Ciné-conférence Explorations dans la chaîne Trans Alaï, 3 février 2024, Forum des images, Paris 1er




30 août - Och


Ce matin, je suis parti à 7 h 30 à pied, direction le Bazar d’Och. J’ai traversé la rivière Ak-Buura, pour la longer à son est en direction du sud-est durant une heure. Agréable traversée du parc Toktogul, dans la fraîcheur du matin, qui venait d’être nettoyé au jet d’eau. Hier j’ai eu la surprise d’y découvrir une copie d’une dizaine de mètres de hauteur de la tour Eiffel.

Une animation bien orientale règne de bon matin dans le bazaroù, à cette heure, les commerçants s’attaquent à une méticuleuse mise en place de leurs marchandises. Le bazar d’Och est le plus grand du Kirghizstan, et il tient sa place parmi les plus renommés d’Asie centrale, tels ceux de Samarcande et de Kashgar que j’avais eu l’occasion de visiter. On trouve de tout dans ce bazar, chaque secteur vend un type de marchandises. Les allées sont couvertes de bâches qui protègent du soleil. Chaque commerçant dispose d’un espace relativement restreint pour son stand. Les marchandises sont apportées dans des chariots aux cris de « Osh » « Osh », et aussi dans des camionnettes. Des petits restaurants, ou tchaïkhanas, permettent de prendre une collation à moindre coût. On peut marcher ainsi des heures à travers des stands de tous types (épices, fruits frais, fruits secs, légumes, épices, vêtements, quincaillerie, textiles…) et parmi les senteurs d’épices, de légumes, de fruits, et aussi de viandes. 

J’ai pu prendre pas mal de vidéos ; la plupart des commerçants, hommes et femmes acceptaient d’être filmés ; en revanche, les bouchers l’interdisaient de manière assez ferme. La France semble avoir une très bonne réputation dans ce pays, et ils apprécient que je leur réponde « Kirghizstan very good » ou « ochen orocho », par exemple. Un couple m’a montré fièrement une vidéo de Paris, de la tour Eiffel où ils sont allés récemment ; j’ai pu filmer cette scène.

Les commerçants sont des Ouzbeks ou des Kirghizes. Le marchandage semble être un usage, comme j’ai pu le constater en achetant une chemise.  

Précision : les trois premières images sont des captures d’écran, sur mon PC, de vidéos que j’ai prises ce matin. Elles n’ont, de ce fait, pas la qualité de photos.

Puis, l’après-midi, j’ai parcouru la ville, plus précisément son centre. Elle s’étend du sud-est au nord-ouest sur une dizaine de kilomètres, de part et d’autre de la rivière Ak-Bakuu. 

Même si Och est la deuxième ville du pays, avec ses 282 000 habitants, elle reste une ville de province, animée et relativement bien entretenue. Très verdoyante, les parcs et les arbres le long des rues offrent ombrage et fraîcheur aux habitants. Les canalisations d’eau, de part et d’autre des allées et des rues, procurent un surcroît de fraîcheur, ce qui est la bienvenue dans une ville soumise à de fortes chaleurs estivales. Les maisons ont un ou deux étages ; elles sont souvent protégées par des murs qui interdisent toute vue sur l’intérieur, et une porte en fer donne généralement accès à une cour.

Dans le centre-ville, des statues et monuments rappellent l’histoire de la ville et de ses habitants. Notamment les origines turco-mongoles de la région, et aussi la période où le pays était une république de l’URSS – la gigantesque statue de Lénine devant la mairie de la ville, et le monument, situé dans le parc Toktogul, dédié aux morts de la guerre menée par les Soviétiques en Afghanistan de 1979 à 1989.

En parcourant cette ville orientale très animée, on croise des Kirghizes, de tous âges, coiffés de leur traditionnel kalpak, des Ouzbeks le crâne couvert de leur calotte, des femmes habillées de longues robes qui descendent jusqu’aux pieds et la tête couverte d’un long foulard, des jeunes en casquette… tout un brassage de populations, notamment des Kirghizes, qui avec les Ouzbeks sont les deux ethnies majoritaires à Och, cohabitant non sans difficultés. Néanmoins, la ville n’a pas connu d’affrontements, entre elles deux, depuis les terribles événements de 2010 (lire page précédente, Och – 29 août ). La population paraît très jeune, et en effet, on croise beaucoup de jeunes et d’enfants. Ce qui doit représenter un défi pour le pays, en termes de scolarité, et par la suite de travail et de chômage…

Dans cette ville majoritairement musulmane sunnite, qui pratique un islam modéré, une église orthodoxe se dresse dans un joli petit parc ombragé du centre-ville. Les Soviétiques avaient tenté d’éradiquer l’islam du pays, mais dès l’indépendance, il était réapparu.

Une population qui paraît accueillante ; la plupart des personnes, quel que soit l’âge, salue poliment et avec le sourire, parfois en faisant le geste de mettre la main sur le cœur. 

En termes de gastronomie, depuis mon arrivée, j’ai pris à chaque repas un plat local simple, composé de raviolis à la viande et aux oignons servis dans un bouillon, suivi d’une banane achetée chez un vendeur dans la rue, et un café (20 soms, sachant que 1 euro = 77 soms environ, on est loin du 1,50 euro). Aujourd’hui, je prends un café dans une tchaïkhana, un salon de thé qui fait aussi restaurant. Les gens sont assis sur des sortes d’estrades en bois surélevées, sur lesquelles sont posées des tables basses. Ils sont assis sur des coussins, en tailleur, ou les jambes allongées, ce qui ne me paraît pas une position très confortable. 

Précision : les quatre premières images sont des captures d’écran, sur mon PC, de vidéos que j’ai prises cette après-midi.