A 7hoo du matin, le véhicule a démarré, nous partons vers le camp de base. À l'entrée de la vallée Altyn Daria, nous nous arrêtons au poste de police. Nos laisser-passer et nos passeports sont vérifiés. Nous recevons l'accord de rentrer dans la vallée.
Nous pénétrons dans cette vallée gigantesque, d'une cinquantaine de kilomètres, qui débouche à son sud sur la frontière avec le Tadjikistan. Pour plus d'informations sur le déplacement dans cette vallée, voir : Déplacement de Daroot Korgon au camp de base, 2019
Je connais l'itinéraire pour l'avoir parcouru en 2019 ; néanmoins je l'ai enregistré sur une application sur mon portable. De plus, au cas où, j'ai emporté des anciennes cartes militaires soviétiques des années 1980 - je n'ai rien trouvé de plus récent - et aussi des cartes spatiales de Google Earth.
À plusieurs reprises, notre conducteur arrête son véhicule afin de refroidir le moteur avec un bidon d'eau. Ce véhicule est vraiment vétuste, par exemple, pour passer en 4X4, il faut changer manuellement des boulons sur les roues avant.
À environ cinq kilomètres du camp de base, Yelal emprunte une piste en direction de l'ouest. Nous essayons de lui préciser que nous ne sommes pas sur le bon chemin, il ne répond pas et poursuit sa route, déterminé ! Bref, on verra bien, on a le temps aujourd'hui. En parvenant à un bâtiment en terre battue et des annexes, nous comprenons que nous sommes dans le camp de la famille de Yelal. Il n'y a pas de yourte, contrairement au camp, situé plus au nord, que j'avais visité en 2019. Nous sommes accueillis par la femme de Yelal et leurs petits-enfants ; leurs parents les ont confié aux grands-parents durant les vacances d'été. Nous partageons le thé dans le bâtiment de vie, c'est la tradition locale.
Nous reprenons notre déplacement vers le camp de base. Sur notre parcours, une vieille "bagnole" est abandonnée, sans conducteur, au bord de la rivière, juste à l'endroit où nous devons la franchir. On tente de la déplacer, impossible. Yelal enlève alors quelques grosses pierres dans la rivière pour la franchir à un autre endroit. Nous remontons dans le véhicule, interrogatif sur sa capacité de franchir le cours d'eau, compte tenu de son débit et des blocs de pierre qui la jalonnent ; c'est encore une fois sans compter sur la puissance de ce vieux véhicule et aussi l'habilité de son conducteur. La rivière franchie, nous rejoignons la zone où je souhaite implanter notre camp de base.
Deux militaires kirghizes nous rejoignent, en provenance de leur camp. L'un d'entre eux vérifie nos laissez-passer et nos passeports, prend de nombreuses photos de ces derniers et nous pose un certain nombre de questions, prend des photos de Gabriel et de moi-même, nous fait déballer nos sacs, regarde les photos enregistrées dans nos portables. Il s'étonne que je n'ai pas reçu de tampon français sur mon passeport lors de mon départ à l'aéroport de Lyon et me demande de retourner à Daroot Korgon pour vérification auprès de l'administration ad hoc. Je manifeste avec politesse mais détermination mon désaccord, car il n'y a aucune raison ; je lui montre que, pour mes voyages précédents, il y a sur mon passeport uniquement des tampons des pays étrangers de destination ; finalement il annule sa demande. Il nous explique, si nous comprenons bien, que de tels contrôles sont nécessaires dans cette région frontalière, où peuvent s'opérer divers trafics (d'armes, de drogue, d'alcools). Au bout d'une heure de vérifications diverses, enfin il nous laisse partir, après nous avoir indiqué une zone plus au nord pour installer notre camp de base. C'est le même emplacement que celui que nous avions choisi en 2019.
Nous sommes heureux d'être enfin parvenus au camp de base, un première étape est franchie, il y avait pas mal d'incertitudes et nous avons connu un certain nombre d'imprévus. Nous sommes dorénavant engagés dans notre objectif d'ascension.
Coordonnées GPS du camp de base : N39,296368 - E72,251673 - Alt 3354 m