Retour au ranch de Ramon en rive ouest du lago Plomo, en trois jours de marche. Nous aurions pu faire ce trajet en deux jours, mais le gaucho Ramon n’a pu aller chercher nos sacs lourds que le 20, avec ses chevaux et son frère, car le 19 était une journée d’élection au Chili.
Nuits à la belle étoile. Traversées à pied des rivières Cacho et Nef. Ramon et son frère seront subjugués lorsque nous leur apprendrons. Pour eux, le seul et unique moyen de traverser ces rivières est à cheval. Nous leur préciserons que cela passait bien.
Le 22 novembre, avec la bonne vieille barque à moteur de Ramon, nous traversons le rio Plomo et le rio Bertrand pour rejoindre Puerto Bertrand. Puerto Tranquilo avec la voiture de Gabriel, puis le bus jusqu’à Coyhaique.
L’expédition de notre petite équipe franco-argentine se termine. Une aventure d’exploration, que nous préparions, depuis de longs mois, avec Gabriel, et qui était remplie d’incertitudes, compte tenu notamment du peu d’informations dont nous disposions sur ce champ de glace Nord, peu visité, et aussi en raison des conditions météo réputées très sévères dans ce coin. Et il y a eu aussi cet aléa dentaire (abcès) découvert à Coyhaique, qui nous aura contraints de décaler de six jours notre départ.
Résumer en quelques mots un instant de vie si dense et riche n’est pas chose facile. Je citerai simplement, de manière chronologique, les moments que je garde en mémoire. La marche d’approche au cœur de la Patagonie chilienne, la découverte d’une nature grandiose et luxuriante, encore préservée, la rencontre avec ses habitants, notamment les gauchos, Roman et sa femme Martha, Luis, Hector, tous d’une même famille, avec leurs ranchs, et aussi leurs chevaux auxquels ils sont si attachés. Le gigantesque glacier Nef, avec ses crevasses profondes et ses impressionnantes tours de glace. Les journées d’attente dans une tente, un espace restreint, battu par les vents et les pluies des tempêtes. Finalement, la découverte, avec Gabriel, du champ de glace Nord, qui nous aura ouvert ses portes, et de surcroît sous un ciel parfaitement bleu, ce qui fut une véritable chance. Notre décision de ne pas tenter l’ascension du Pantagruel, en raison des risques liés aux conditions de neige sur sa face nord. Bien entendu, notre ascension d’un sommet, que nous avons dédié, en l’absence d’ascension connue, à Anne. L’entente au sein de notre petite équipe franco-argentine, avec Gabriel et Joachim, jeunes argentins aux capacités physiques hors du commun, particulièrement sympathiques, toujours de bonne humeur, et d’une grande générosité.
En fin de compte, cette expédition fut une extraordinaire aventure exploratoire, sur tous les plans.
NB. Sur le terrain, j’envoyais des messages à Véronique, mon épouse, à l’aide d’un système permettant l’envoi de textes courts, et c’était un tant soit peu fastidieux. Arrivé à Coyhaique, j’ai repris la rédaction de ce journal d’expédition, je l’ai complété, précisé, mis en forme, et de plus j’y ai ajouté des images.
Points GPS de l’expédition, depuis Puerto Bertrand (tout à droite de la carte) jusqu’à la Pointe Anne.
Au lever du jour, après une nuit à la belle étoile.
Tempête sur le champ de glace, pas de regrets…
Traversée de cours d’eau.
Traversée du rio Cacho par Gabriel.
Traversée du rio Cacho par Joachin.
Le chauro, un arbuste qui offre des fruits comestibles.
Le fruit de l’arbuste lenga, consommable et appelé pain des Indiens.
Je traverse le rio Soler.
Retour sur la rive ouest du lago Plomo.
Traversée du lago Plomo, puis Bertrand avec la barque à moteur de Ramon.
Moi-même, Ramon et Joachin.
De retour à Puerto Bertrand !