Ciné-conférence Explorations dans la chaîne Trans Alaï, 3 février 2024, Forum des images, Paris 1er




Informations avant-départ


LA PATAGONIE

Suite à l’expédition que j’y ai réalisée en 2015, je n’ai pu résister. Du 27 octobre au 24 novembre 2017, j’y retourne, au sein de sa partie chilienne, dans un de ces coins sauvages et insolites de notre planète, qui restent encore très reculés et isolés.

Je pars avec en tête des projets, mais aussi conscient des incertitudes qui pèsent sur leur réalisation, et qui sont liées notamment aux conditions climatiques, réputées difficiles dans cette région… 

Novembre, c’est le printemps dans l’hémisphère sud et les conditions glaciaires dans les montagnes sont normalement les meilleures. Normalement car, avec le dérèglement climatique de ces dernières années, rien n’est plus vraiment assuré, les conditions sont devenues relativement aléatoires. 

Dans mes recherches, j’ai repéré des coins reculés et peu visités, à propos desquels on trouve peu d’informations, au sein de cette chaîne des Andes de Patagonie. Un Argentin, qui a une bonne connaissance de la Patagonie, m’a suggéré, début 2017, la XIe région du Chili, isolée, et qui comporte un certain nombre de petits massifs montagneux peu connus, pour la plupart difficiles d’accès. Toutes choses confondues, avec Gabriel (d’origine argentine), nous nous sommes focalisés sur cette région, et, en son sein, sur le champ de glace Nord de Patagonie, glacier peu parcouru et situé au Chili (en 2015, nous avions été dans le champ de glace Sud). Nous prévoyons de nous rendre dans sa partie du centre-est.

 

DES PROJETS D’ASCENSIONS

Notre objectif est de gravir au moins un des sommets qui émergent de ce champ de glace Nord de Patagonie, par un nouvel itinéraire. Dans la partie située au centre et à l’est du champ de glace, nous avons repéré des possibilités de sommets, mais le choix pourra se faire uniquement sur place, au vu des conditions glaciaires du moment sur les montagnes. Et avec l’espoir que les conditions météo, qui sont difficiles dans la région, nous seront favorables.

Bref des incertitudes

Et, bien entendu, cette expédition, c’est aussi la découverte de cette région insolite et isolée de la Patagonie chilienne. 

 

UN DÉROULEMENT

Le déroulement général prévu pourra être modifié suivant les conditions météorologiques, réputées difficiles dans ce coin.

Du 27 au 28 octobre : vol de Lyon à destination de l’aéroport de Balmaceda, proche de la ville de Coyhaique.

Du 29 au 1er novembre : Coyhaique, puis déplacement vers Villa Cerro Castillo, puis Puerto Bertrand. Préparation logistique, notamment achat de vivres.

Du 2 au 4 novembre : depuis le puerto (port) Bertrand, traversée du lago (lac) Bertrand puis du lago Plomo. Marche d’approche jusqu’au camp de base : Remontée de la vallée Soler, le long de la rivière du même nom, sur une distance d’environ 30 kilomètres jusqu’au pied du glacier. Puis remontée du glacier pour prendre pied sur le champ de glace Nord. Installation d’un camp de base.

Du 5 novembre au 17 novembre : Tentatives d’ascensions de montagnes du Champ de glace Nord de Patagonie.

Du 18 au 20 novembre : retour à Puerto Bertrand.

 

Champ de glace Nord de Patagonie.

Itinéraire prévu de lago Bertrand au Champ de glace Nord de Patagonie.

 

UN PROJET DE NOM DE BAPTÊME DE VOIE 

Si nous atteignons notre objectif de gravir un sommet par un itinéraire nouveau, et si la météo et les conditions nous sont favorables, je prévois, avec l’accord de Gabriel, de le baptiser la voie Anne. Je serais heureux de dédier une nouvelle voie à Anne, 7 ans, porteuse de la trisomie 21, et, via Anne, à ses parents qui ont fait le choix de l’adoption. Et aussi à toutes les personnes porteuses de la trisomie 21, à tout ce qu’elles apportent, la gentillesse et la générosité dont elles sont le rayon.

 

UNE ACTION D’ENTRAIDE

 Je prévois de réaliser un film sur cette expédition, qui fera l’objet d’une ciné-conférence bénévole, que j’organiserai à Lyon à la fin de2018 oudébut-2019, qui sera au profit intégral d’un projet d’entraide, à ce jour, en cours décision. J’organiserai la séance, et je prendrai à ma charge tous les frais financiers d’organisation de la séance . C’est donc un don de ma part, dans la continuité des actions d’entraide que j’ai montées depuis 2009. Voir par exemple les comptes-rendus des deux dernières :

– Conférence du 31 janvier 2015 : http://dshb.fr/affichage_page.php?afficher_pages=13&titre=Conference-Paris-21-Janvier-2017-en-images 

– Conférence du 21 janvier 2017 : http://dshb.fr/affichage_page.php?afficher_pages=13&titre=Conference-Paris-21-Janvier-2017-en-images

 

UNE PETITE ÉQUIPE

Je repars avec Gabriel avec qui j’ai déjà réalisé quatre expéditions dans des coins reculés, au cours desquelles nous avons pu faire les ascensions de nouveaux itinéraires (pas d’ascensions préalables connues) :

– 2009. Massif peu visité de la Ramada, en Argentine. Sommet La Mesa, voie baptisée Veronica y Seis Hijos.

– 2010. Massif peu exploré de l’Ansilta, en Argentine. Sommet Ansilta 4, voie baptisée Seis Hermanos.

– 2013. Vallée peu explorée de la cordillère Quimsa Cruz de Bolivie. Pics San Luis et Huyana Cuno Collo, respectivement voies René Flament et Charles de Seze

– 2015. Patagonie en Argentine et au Chili. Chaîne Marconi, ascension d’un sommet sans nom, et surtout du cerro Dumbo,deuxième ascension de la montagne, voie André et Sophie.

Après tous ces moments vécus ensemble dans des conditions extrêmes, des moments denses, faits de joies et aussi de peines, souvent difficiles et aussi extraordinaires, nous nous connaissons bien avec Gabriel. Il habite San Juan au nord-ouest de l’Argentine, où il est marié ; fort grimpeur et aussi guide local de San Juan. Que de souvenirs nous partageons ! Un amigo de Gabriel, Joaquin, nous accompagnera et aidera au portage.

 

Massif Ansilta, Argentine, 2010

 

AU SEIN D’UNE RÉGION

À l’instar de chaque expédition que j’ai réalisée, c’est l’esprit totalement ouvert que je pars pour cette région, afin de pouvoir la découvrir par moi-même, sur le terrain. Je pars néanmoins avec, en tête, quelques informations générales, que j’ai pu collecter et glaner au gré de lectures, de récits, d’articles, etc. (voir la bibliographie ci-dessous). Voici un très bref résumé de quelques-unes :

Le champ de glace Nord de Patagonie

Aujourd’hui, malgré ses glaciers en recul, les champs de glace Sud (où j’étais en 2015) et Nord, restent parmi les premiers plus grands champs de glace continentaux de la planète.

Le champ de glace nord, où nous allons nous rendre en novembre prochain, est situé entre 46° 30′ et 47° 30′ de latitude sud, et entre 73° et 74° de longitude ouest. Sa superficie s’étend sur 4 200 km2, soit 120 kilomètres du nord au sud, et 50 kilomètres d’est en ouest. Le sommet le plus élevé est le Mont San Valentin (3 365 mètres) au nord du champ de glace. À l’ouest, le glacier San Rafael descend jusqu’au niveau de la mer. 

La survie du champ de glace Nord est due à l’altitude de son plateau, de 1 000 mètres à 1 500 mètres ; cela peut nous paraître très bas, comparé à nos glaciers des Alpes, mais, dans les Andes de Patagonie, les glaciers descendent jusqu’à des altitudes proches du niveau de la mer, comme j’avais pu le constater en 2015, par exemple avec le glacier Viedma qui se jette, à 250 mètres d’altitude, dans le lac du même nom. 

28 glaciers sont issus du plateau de ce champ de glace Nord, les deux plus larges étant le San Quintin et le Sans Rafaël. Les fronts de ces glaciers reposent dans une lagune d’eau douce. Seul le glacier San Rafael se distingue en raison de sa proximité avec l’océan Pacifique ; son front repose dans une eau ayant un fort taux de salinité.

La XIrégion du Chili

Cette région est entourée au nord par la région des Lacs, et au sud par la région de Magellan et l’Antarctique chilien. Elle est divisée en deux zones : la zone continentale accolée à la cordillère des Andes et aux multiples fjords, et la zone de la côte Pacifique, parsemée d’îles qui forment un véritable labyrinthe.

La zone ouest de la région, celle des îles, connaît un climat froid et pluvieux et est agressée par des vents violents toute l’année. Quant à la chaîne des Andes de Patagonie, Jean Raspail résume bien la situation dans Qui se souvient des hommes : « La cordillère se dresse comme une muraille de neige et de glace. Les lourdes nuées de l’ouest s’abattent sur ce rempart au moins dix mois sur douze, et précipitent sur les archipels la pluie la plus tenace du monde, une pluie glacée qui se fait neige et grêle. »

Les Indiens, les Chonos, les Alakalufs et les Tehuelches, qui étaient jusqu’en 1520 les uniques habitants de ces terres de Patagonie, ont totalement disparu, exterminés au cours des siècles, notamment par les maladies et les fusils apportés par les colons. Un grand génocide, méconnu mais réel, qui est relaté, par exemple, Par les écrivains Bruce Chatwin dans En Patagonie, et Jean Raspail dans Qui se souvient des hommes.

Jusqu’au XXe siècle, les seules régions habitées étaient celles des villes de Coyhaique, Cochrane et Chile Chico. Compte tenu des difficultés d’accès (bateau depuis Puerto Montt, voie terrestre depuis l’Argentine, et avion), seuls ceux qui reçurent des terres vinrent s’installer. Afin d’ouvrir la région et développer son économie (notamment l’extraction du bois), Auguste Pinochet fit construire la Ruta 7 ou Carreta Austral ; inaugurée en 1986, elle relie sur 1 240 kilomètres, à travers les forêts, la ville de Puerto Montt au sud à celle de Villa Higgins au nord. Néanmoins, la XIe région reste encore peu peuplée. 

Coyhaique, d’environ 60 000 habitants, est la capitale administrative de la XIe région. J’y passerai deux jours en attendant l’arrivée de Gabriel, qui aura alors effectué un long trajet en voiture depuis la ville argentine de San Juan. 

 

BIBLIOGRAPHIE

Récits, romans, topos :

– Magellan. Stefan Zweig. Nouvelle traduction de Françoise Wuilmart. Éditions Robert Laffont. 2020.

– La Patagonie autrefois. Souvenirs d’un pionnier. Andreas Madsen. Éditions Nevicata. 2018.

– La nuit commence au cap Horn. Saint-Loup.

– En Patagonie. Bruce Chatwin.

– Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie. Jean Raspail.

– Qui se souvient des hommes… Jean Raspail.

– Fous de Patagonie. Récits présentés par Chantal Edel.

  • Trois ans de captivité chez les Patagons. 1856-1859. Auguste Guinnard. 
  • Une année au cap Horn. 1882-1883. Docteur Paul Hyades.
  • Voyage en Patagonie. 1896-1897. Henry de La Vaulx. 
  • La Terre de Feu. 1895-1896. Otto Nordenskjöld.

– L’amant de Patagonie. Isabelle Autissier.

– Soudain, seuls. Isabelle Autissier.

- The Andes, a guide for climbers. John Biggar

- Le site internet d’ American Alpine Journal. Entre autres : http://publications.americanalpineclub.org/articles/12197142900/South-America-Chilean-and-Argentine-Patagonia-San-Valentin-and-Other-Peaks-Northern-Patagonia-Icecap

Cartes

J’ai commandé quatre cartes de la région au 1/50 000 auprès de l’institut géographique militaire du Chili. Afin d’être certain de pouvoir les récupérer, plutôt qu’un envoi en France, j’ai préféré ne pas prendre de risque, et les récupérer sur place, à Puerto Bertrand. En conséquence, j’ai effectué la préparation principalement avec les cartes spatiales sur Google Earth, et aussi une carte à petite échelle.

 

Henry Bizot